La fédération anglaise de rugby pourrait interdire l’utilisation du célèbre « Swing Low, Sweet Chariot » en raison du lien de cette chanson avec l’esclavage.
C’est un chant qui déferle des tribunes lorsque les supporters anglais veulent montrer leur soutien au XV de la Rose. A Twickenham et dans le reste des stades du monde, le « Swing Low, Sweet Chariot » est désormais un air bien connu. Pourtant son origine et sa signification restent, encore aujourd’hui, incertaines même si plusieurs sources s’accordent à dire qu’elle est l’œuvre d’un esclave nommé Wallace Wallis. Concernant sa signification, là-encore, plusieurs idées s’opposent. Certains clament que c’est un chant de liberté contre l’esclavage, d’autres encore, comme le Dr Horace Clarence Boyer, un spécialiste de la musique afro-américaine, estiment que c’est un chant gospel qui fait directement référence à la mort. Pour lui cette chanson signifie que la mort serait la seule libération possible pour un esclave…
Comment le Swing Low, Sweet Chariot est arrivé dans les stades ?
Si la fédération n’a jamais pu confirmer l’origine de l’utilisation de ce chant pour encourager le XV de la rose, les anglais estiment qu’il fut entendu la première fois en 1988 lors d’un match entre l’Angleterre et l’Irlande dans le cadre du Tournoi des 5 Nations. Menée 3 à 0, l’équipe anglaise a survolé le deuxième acte pour finalement s’imposer 35 à 3. Lors de ce match, Chris Oti, joueur noir âgé de 22 ans, a marqué un triplé pour sa deuxième sélection. C’est alors que des écoliers de l’Abbaye de Douai aurait lancé le « Swing Low, Sweet Chariot ». L’histoire n’a pas retenu si ces écoliers connaissaient l’origine de cette chanson et avec qu’elle intention ils l’ont chanté. En revanche, ce chant résonne toujours dans les travées de Twickenham. Il y a quelques années, plusieurs membres d’un club de rugby de Twickenham ont revendiqué le fait d’avoir chanté en premier cet air lors de ce même match. En revanche, ils assurent que cela n’avait rien à voir avec Chris Oti.
La fédération dans une nouvelle démarche
Dans la foulée des mouvements contre les inégalités qui ont fait suite à la mort de George Floyd, la fédération anglaise estime qu’elle doit être plus impliquée « Il est reconnu que jusqu’à présent, nous n’avons pas fait assez. Il est temps de lutter contre le racisme et les inégalités qui existent dans le sport […] Un changement systémique doit être fait à tous les niveaux afin que nous puissions vraiment refléter notre société merveilleusement diversifiée […] Il n’y a pas de solution facile et le changement nécessitera une approche renforcée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre secteur. Il est temps de faire face à des questions délicates, de s’impliquer dans des conversations inconfortables et de prendre nos responsabilités. » C’est dans ce contexte que la fédération se questionne sur l’utilisation du « Swing Low, Sweet Chariot ». Cette dernière pourrait demander aux supporters de ne plus entonner ce chant pendant les matches.