Charles Ollivon a connu une première idyllique en tant que capitaine du XV de France. A la pointe du combat, le toulonnais a également inscrit un doublé.
Après la rencontre, le nouveau capitaine est apparu marqué physiquement par l’intensité de la bataille contre les voisins d’Outre-Manche. Comme une grande majorité du groupe France, Charles Ollivon n’a que peu goûté aux joutes internationales. Pourtant, le destin l’a placé très tôt sur la route du XV de France. Rapidement propulsé au haut niveau avec l’Aviron Bayonnais, le troisième ligne dispose de qualités athlétiques hors normes. Des qualités qui l’ont rapidement conduit en équipe nationale. Alors troisième ligne centre, il parait évident que la scène du Top 14 ne sera pas assez grande pour accueillir son immense talent. Trois ans plus tard, le conte de fées s’arrête.
Après la relégation de l’Aviron Bayonnais en juin 2015, il rejoint les rangs de Toulon avec l’ambition de se faire une place parmi les stars. Face à la concurrence de Duane Vermeulen, Fernandez-Lobbe, Steffon Armitage ou encore Juan Smith, l’adaptation est difficile. Il parvient toutefois à faire valoir son talent et commence à prendre de l’ampleur dans le vestiaires. Alors que Charles Ollivon s’est enfin adapté à son nouvel environnement, il est victime d’une blessure rarissime dans le rugby. En avril 2017, il se fracture une omoplate, une blessure habituellement observée chez les accidentés de la route selon les médecins. Commence alors un véritable chemin de croix. Un an plus tard, Ollivon rechute, plusieurs médias annonce une possible fin de carrière à 25 ans. Ce n’est qu’en 2019, soit deux ans après la blessure initiale, qu’il parvient à retrouver les terrains. Il enchaine les matches et décroche une place de réserviste pour préparer le mondial.
Sous le charme du Senpertar
Malgré deux ans sans jouer, le troisième ligne est à un niveau exceptionnel. La préparation intense concoctée par Thibaut Giroud, nouveau responsable de la performance, ne fait que renforcer le basque qui tape dans l’œil de Jacques Brunel. Du statut de réserviste, il passe à celui de titulaire indiscutable. Son parcours force le respect et le charme opère. Ce leader naturel prend doucement de la place. Son émergence est facilitée par le manque d’hommes forts à ce moment là. Au mondial, Guilhem Guirado avait encore le brassard mais, même si les joueurs l’ont toujours soutenu, la transition était déjà entamée. Au retour du Japon, Fabien Galthié fait d’Ollivon le capitaine du XV de France. Un capitaine inexpérimenté dont l’histoire fascine. Pourtant, ce costume qu’il revêtait pour la première fois dimanche ne semble pas trop grand pour lui.
Face à l’Angleterre, son match fut dantesque. Au four et au moulin en défense, il a également inscrit un doublé grâce à son sens du placement. Le troisième ligne connait ses hommes et leurs points forts pour anticiper leurs actions. Un capitaine marquant deux fois ? Ce n’était plus arrivé dans le Tournoi depuis Gareth Thomas en 2006 avec le Pays de Galles. Mieux, Ollivon est resté sur la pelouse pendant l’intégralité de la rencontre. Un fait qui peut paraitre anodin mais quand le talonneur Guilhem Guirado était capitaine, l’exigence physique nécessaire à son poste obligeait souvent le staff des Bleus à le faire sortir aux alentours de l’heure de jeu. Sans lui, le XV de France s’est souvent effondré dans les derniers instants. La nomination d’un joueur capable de tenir tout un match pourrait avoir un immense impact. Dimanche, Ollivon est resté sur la ligne de front pour défendre l’en-but français jusqu’à la fin. En faisant corps avec ses hommes, il a renforcé sa position mais surtout son image auprès du grand public.