L’Afrique du Sud fait face à un nouveau scandale concernant le dopage. Des entraîneurs et des parents injectent des produits dopants à des écoliers.
Depuis 1995 et une surprenante victoire en finale de la Coupe du Monde, l’image du rugby sud-africain est régulièrement associée au dopage. Tumeurs, maladies dégénératives, crises cardiaques certains joueurs de l’équipe victorieuses sont décédés ces dernières années relançant à chaque fois le débat sur la « forme » incroyable de ce groupe. Difficile de démêler le vrai du faux parmi les avis internes et externes. Si les joueurs ont toujours nié, l’Afrique du Sud connait de nombreux problèmes concernant le dopage. Récemment, Chiliboy Ralepelle ou encore la révélation de l’année 2018 Aphiwe Dyantyi, et le parisien Handré Stassen ont tous été contrôlés positifs. Trois joueurs sud-africains épinglés en quelques mois. Ce n’est pas un hasard selon Marco Wentzel ancien seconde ligne des Sharks et des Sprignboks :
« Le malheur est que si nous regardons le nombre de joueurs de rugby surpris par le dopage au cours des dernières années, les critiques ont un sens…[…] C’est un problème et je ne pense pas que ceux qui le soulèvent ont factuellement tort. »
Du dopage dans les écoles, parents et entraîneurs impliqués
Pour Wentzel pas de doute, la pratique du dopage commence très tôt. Une enquête de l’Institut sud-africain de lutte contre le dopage sur 12 000 lycéens de la province de KwaZulu-Natal a montré que 10% d’entre eux prenaient des substances interdites. 10%… Un chiffre effarant, démontrant un dopage organisé pour de jeunes écoliers incapables de se procurer eux-mêmes ce types de médicaments. Si certains cas ont fait état de la prise de stéroïdes anabolisants dès l’âge de 14 ans, la tranche des 16-18 ans est particulièrement touchée. En cause un milieu extrêmement compétitif qui poussent des parents et des entraineurs à « booster » les performances d’adolescents. Khalid Galant, directeur de l’Institut sud-africain pour un sport propre, est inquiet :
« L’effet dissuasif des tests semble n’avoir eu aucun effet, et il est également préoccupant qu’il semble que dans certains cas, les stéroïdes aient été injectés à l’aide d’une aiguille. […] Les parents et les entraîneurs semblent également être complices. Dans un cas, la mère d’un garçon a avoué avoir injecté des ampoules à l’enfant, car elle pensait qu’il s’agissait de vitamine B. »
Galant tire la sonnette d’alarme. De son côté Mark Alexander, patron du rugby sud-africain, admet que le milieu scolaire est touché et que la fédération tente d’arrêter le problème « Il y a un problème dans nos écoles, mais nous travaillons tous très fort pour essayer de le résoudre ». Or six joueurs ont été contrôlés positifs aux stéroïdes lors du Craven Week, un grand tournoi réservé au 16-18 ans, preuve que ces pratiques sont profondément ancrées dans le rugby sud-africain.