Après quinze ans dans le staff des All Blacks, Steve Hansen a quitté le poste d’entraîneur principal de la meilleure nation de l’histoire.
C’était le 1er novembre dernier, Steve Hansen, personnage en apparence très froid, a fait ses adieux à la sélection néo-zélandaise sur une 93ème victoire en 107 matches. Quelques sourires, des signes de la main, des yeux humides, les signent ne trompent pas. Habituellement si contenu, Steve Hansen, d’abord adjoint de Graham Henry (2004) puis sélectionneur (2012-2019) profite pleinement du moment. Une joie intérieure collant parfaitement à une culture néo-zélandaise basée sur l’humilité, mais qui a tout de même fini par déborder tant son émotion fut grande. Il n’est pas sorti « par la grande porte » avec un troisième titre mondial. Cependant, son mandat de sept années en tant que sélectionneur est à ce jour le plus prolifique de toute l’histoire du rugby avec un pourcentage de victoires jamais obtenu (88,7%). Si le succès sportif du natif de Dunedin sera sûrement retenu en priorité, en réalité, son apport va bien au-delà du rectangle vert.
Ne jamais trahir l’histoire
Quand on est un All Black, on ne déroge pas à la règle. Héros d’une nation, les All Blacks ont le devoir de donner l’exemple, de perpétrer l’héritage qu’on leur a confié le jour où ils ont reçu, pour la première fois, ce symbole noir qu’est le maillot floqué de la fougère argentée. En cela, Steve Hansen a parfaitement rempli sa mission. Sous son égide, des joueurs comme Keven Mealamu, Dan Carter, Richie McCaw, Brodie Retallick ou plus récemment Beauden Barrett ont enrichi le patrimoine néo-zélandais. D’aucuns diront que le pouvoir de gagner appartient totalement aux joueurs, et sans doute que Steve Hansen a toujours mis en avant ses hommes, mais la réalité du terrain nécessite un équilibre précieux : celui de l’apport des joueurs et celui du staff. Le sélectionneur n’est rien sans les joueurs et inversement. Dans le cas de Steve Hansen, on ne peut échapper à son aura, à sa connaissance et à sa faculté de tirer vers le haut une équipe qui marchait déjà sur le monde de l’ovalie.
Une philosophie au service du management
Il fallait un discours novateur, sans renier l’essence des hommes en noir, pour pouvoir amener une deuxième fois d’affilée cette équipe sur la plus haute marche du podium en 2015. Le mysticisme de cette formation s’en est vu renforcé depuis ce second sacre. Hansen a parfaitement transmis la philosophie si bien décrite par le célèbre reporter Ian Borthwick – dans son livre All Blacks : au cœur de la magie noire – qu’il ne suffit pas d’être un simple All Black, mais qu’il faut être un grand All Black. Dans ce même ouvrage, Dan Carter y délivre quelques informations sur l’exigence de son ancien entraîneur « Steve Hansen a changé cette approche, c’est lui qui nous a demandé d’assumer davantage notre statut. Cela nous oblige à accepter le défi, à atteindre de nouveaux sommets, à se fixer des objectifs très élevés. C’est assez intimidant, mais c’est une des raisons du succès de l’équipe depuis 2012. »
L’idée que porter ce maillot est loin d’être une simple récompense n’aura jamais quitté Steve Hansen et par extension son groupe. En plus du maintien des résultats sportifs, le plus difficile sera maintenant de transmettre encore et toujours les valeurs de cette sélection. La fédération néo-zélandaise a l’embarras du choix pour la succession de Hansen, 26 candidats vont déposer une candidature pour prendre sa place. Malgré un vivier très important d’entraîneurs, on ne peut s’empêcher de regretter le départ de cet homme qui fait désormais partie de la légende de la plus grande équipe de tous les temps.