Replacé à l’arrière par Steve Hansen quelques semaines avant le début de la Coupe du Monde, Beauden Barrett est un électron libre.
Au rugby, sport dans lequel les postes sont particulièrement définis, Beauden Barrett est un véritable OVNI. Joueur surdoué, il a pris avec brio la suite d’un autre génie : Dan Carter. Passer après le détenteur du record du nombre de points inscrits par un international (1598) n’est pas chose aisée mais le natif de New Plymouth a les épaules larges. Programmé pour le haut niveau, Beauden Barrett brille parmi les golgoths grâce à ses qualités athlétiques. Garçon élancé, son accélération laisse souvent ses adversaires sur le carreau. Il faut dire que l’ouvreur, élu deux fois meilleur joueur du monde à seulement 28 ans et sur le point de décrocher une nouvelle fois ce titre honorifique, est plus rapide que la plupart des ailiers. Ses qualités sont tellement nombreuses qu’il est difficile d’en faire le tour.
Entre sa vision exceptionnelle du jeu, sa polyvalence ou encore son jeu au pied on ne sait que choisir. L’un de ses points forts est sa capacité à pouvoir évoluer à tous les postes de la ligne des arrières. Il connait parfaitement chaque poste et par conséquent le bagage technique qui va avec. De même, il connait à l’avance les réflexes ou les attitudes de ses coéquipiers. Barrett a toujours une longueur d’avance. Sa connaissance du jeu de son équipe et surtout celui de l’adversaire est impressionnante. L’ouvreur donne l’impression d’avoir 5, 10 voire 15 secondes d’avance sur ses adversaires. Quand il reçoit le ballon, il sait déjà ce qu’il va faire. Les troisièmes lignes qui veulent lui mettre la pression finissent en général dans le décors. En montant rapidement sur lui ils ouvrent des espaces qu’il s’empresse de prendre, il peut même résister à de gros plaquages en cas de besoin.. Et si ses adversaires l’attendent, Beauden Barrett dispose d’un temps considérable pour sa prise de décision. En clair, il n’y a aucune bonne solution pour le faire déjouer.
L’art du jeu sans ballon
En tant qu’ouvreur, le néo-zélandais est amené à toucher beaucoup de ballons. Replacé à l’arrière son rôle est différent. Sur le papier en tout cas. Car dans les faits il en touche presque plus. En réalité Beauden Barrett évolue quasiment à ces deux postes en alternant avec Richie Mo’unga. Le demi d’ouverture actuel des All Blacks est un élément relativement inexpérimenté. Depuis cette été, le groupe le protège. Régulièrement au cours des matches, le temps d’une action, Beauden Barrett le remplace et reprend ses habitudes à l’ouverture en plus d’assurer son travail d’arrière. A croire qu’il y a plusieurs Beauden Barrett sur la pelouse. Son activité sans ballon est hors norme. Elle est à montrer dans toutes les écoles de rugby. Il fait preuve d’une grande générosité dans tous ses efforts pour combler les espaces. Samedi lors de la demi-finale, n’hésitez pas à vous concentrer sur lui ne serait-ce que quelques instants. Au-delà de cette alternance, vous constaterez qu’il peut se muer en ailier comme sur son essai en quart de finale mais aussi en trois-quart centre. Steve Hansen lui laisse carte blanche, le jeu des All Blacks s’en ressent puisqu’ils ne perdent pas de vitesse grâce à sa façon de se projeter rapidement vers l’avant. Pour l’Angleterre, le cas Barrett est un véritable casse-tête qu’il faudra résoudre avant le coup d’envoi.