Mathieu Bastareaud, trois-quart centre aux 54 sélections, n’a pas été convoqué par Jacques Brunel. La manière dont il a été écarté n’est pas vraiment à la hauteur du dévouement du bonhomme.
Si sportivement on peut tout à fait entendre que le profil du vice-capitaine ne correspond pas à ce que souhaite mettre en place le staff des Bleus, en revanche le fait de ne pas le prévenir de sa non sélection soulève de nombreuses interrogations sur la gestion humaine des joueurs. Oui, le rugby est devenu professionnel, oui les enjeux économiques poussent les clubs à adopter des méthodes d’entreprises mais faut-il oublier, pour autant, que les hommes sont à la base de ce jeu ? Du haut de ses 54 élections, Mathieu Bastareaud est l’un des visages emblématiques du rugby. Son image dépasse même les frontières de notre sport, faisant de lui, l’un des sportifs les plus connus en France.
Personnage aux multiples facettes, « Basta » est très apprécié pour sa complexité mais surtout pour son engagement. Joueur valeureux, le futur new-yorkais est un leader de combat sur le terrain et de parole dans le vestiaire. Il a pris une nouvelle dimension en devenant capitaine du RCT l’an dernier. Ce costume, qui lui va à ravir, l’a véritablement libéré. Même constat en Bleu, Bastareaud est devenu incontournable par son charisme. Excellent défenseur, l’ex-toulonnais est souvent catalogué dans un style perforateur et peu mobile. Bien évidemment, son physique lui procure des atouts indéniables, mais ses caractéristiques ne sont pas nouvelles.
Quel style pour les Bleus ?
En tentant de justifier la non sélection de Mathieu Bastareaud, Jacques Brunel laisse énormément de zones d’ombre. Son staff et lui souhaitent pratiquer un rugby plus proche des standards internationaux. Cependant, est-ce bien le moment, à seulement trois mois de la Coupe du Monde, de vouloir imposer une nouvelle philosophie à l’équipe ? L’arrivée de Fabien Gatlhié comme « super consultant » a surement poussé Brunel a faire certains choix, l’absence de Mathieu Bastareaud est une vraie surprise. Même si, d’un point de vue sportif, il pourrait être mal à l’aise dans le futur système de jeu des Bleus, d’un point de vue humain, peu de joueurs disposent de sa capacité à fédérer. En ne prévenant pas à l’avance un cadre de l’équipe de France de sa non sélection pour l’évènement le plus important de la planète rugby, Jacques Brunel envoie un message extrêmement négatif au reste du groupe…