Dans quelques heures, le XV de France affrontera la Nouvelle-Zélande pour la première des deux oppositions entre ces formations. La deuxième ligne internationale, Lenaïg Corson, a accepté de revenir pour le XV de Départ sur ces grands rendez-vous.
Comment s’est passé le début de stage à Marcoussis ?
C’était une semaine très appliquée avec un groupe de 30. Ça faisait du bien de retrouver tout le monde, on est toutes focus sur ces matchs qu’on attend depuis un moment. Ce qui est bien c’est que tout le monde s’est mis dedans dès le premier entrainement.
Ce n’est pas trop dure de passer du rugby à 7 au rugby à XV en quelques semaines ?
La transition du 7 au XV est moins compliquée à cause des rythmes du 7 qui sont intenses. Les « septistes » peuvent apporter de la vitesse parce qu’on s’entraine dure toute l’année à Marcoussis. C’est un plus pour jouer des équipes comme les Blacks qui ont un jeu hyper rythmé. Il y a beaucoup de rapidité dans leur jeu, dans leurs courses et dans leurs passes.
On est à quelques heures du premier des deux matches face aux Blacks Ferns, dans quel état d’esprit est le groupe ?
On est très excitées parce que personne n’a joué les Blacks dans ce groupe. C’est la meilleure nation au monde elles sont 5 fois championnes du monde. On aspire à être les meilleurs joueuses du monde également, on veut vraiment se jauger et se mesurer à ces Blacks qui sont les meilleures et aujourd’hui on n’a pas froid aux yeux. On a une belle équipe, on a des projets et l’ambition de gagner des médailles. Jouer des matches comme ça est important pour la suite. C’est intéressant de voir des nations autres que celles qu’on a l’habitude de jouer. On se concentre d’abord sur notre jeu, sur ce que l’on sait bien faire. On veut surtout se faire plaisir, sortir de ce match avec le sourire et faire un grand match de rugby.
L’année 2018 a été riche pour les équipes de France. Comment as-tu vécu cette saison malgré les blessures ?
Ça fait depuis la Coupe du Monde 2017 que je n’ai pas joué (avec l’équipe de France à XV, ndlr). J’ai eu une année compliquée où j’ai enchainé blessures sur blessures (Trois blessures aux ischios en 6 mois, ndlr) avec énormément de frustration de ne pas pouvoir jouer. Beaucoup de doutes aussi parce que l’on se demande si l’on va sortir de cette galère. J’ai fait ce qu’il faut pour revenir et soigner ces bobos. Aujourd’hui, je n’ai envie que d’une chose, c’est de jouer et de me régaler avec mes copines par ce que c’est ça le rugby. Quand on est blessé ce n’est jamais très drôle, on est frustré. On voit les copines qui gagnent des médailles et ça donne envie de participer. Après c’est une grande fierté de voir l’équipe de France à 7 et à XV se retrouver sur des podiums. J’étais à 200% derrière elles et j’ai poussé pour que tout le monde les suive parce que le Grand Chelem était énorme comme la médaille d’argent en Coupe du Monde à 7. On a envie d’avoir encore de bons résultats cette année.
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Quelles sont les différences entre le groupe que tu as connu à la dernière Coupe du Monde et celui que tu as retrouvé cette saison ?
Il y a énormément d’anciennes qui ont arrêté après la Coupe du Monde. Des jeunes sont rentrées dans le groupe et ce que j’ai remarqué c’est leur professionnalisme. A l’image de Caroline Drouin, Carla Neisen et de Monserrat Amédée, elles sont très professionnelles dans la préparation des matches. Elles commencent à emmagasiner pas mal d’expérience et c’est très bien parce qu’elles seront, à l’avenir, des cadres de l’équipe de France. Dans quelques années, le niveau du rugby féminin va exploser. A l’image des jeunes qui sont parties aux JO de la jeunesse, elles savent déjà tout faire, leur bagage technique est énorme. Les pôles Espoirs et pôles France font du bon boulot et les préparent aux grosses compétitions. Il n’y a pas eu de transition intergénérationnelle comme c’est le cas en équipe d’Angleterre à 7 où beaucoup de jeunes joueuses sans expérience sont arrivées.
Sur quelles bases, Annick Hayraud, a axé son discours depuis votre arrivée à Marcoussis ?
Pour l’instant c’est surtout les joueuses qui prennent la parole parce qu’on sent qu’il y a de l’excitation dans l’air mais il ne faut pas que l’on se précipite. Tout le monde a les crocs, il est temps que le match arrive mais il ne faudra pas confondre vitesse et précipitation.
Qu’est-ce qu’il ressort des séances vidéos sur les Black Ferns ?
Au mois d’aout il y a eu un gros travail vidéo sur la Nouvelle-Zélande. On avait analysé tous leurs matches de la Coupe du Monde 2017 et deux matches contre l’Australie. Là on vient de voir le match face aux Etats-Unis. Ce sont des joueuses solides avec des gabarits impressionnants par rapport aux nôtres. Elles sont plusieurs à avoir des mensurations extraordinaires avec des poids à trois chiffres. Ce sera à nous de les faire se déplacer un maximum, parce que quand on fait plus de 100 kilos c’est difficile de tenir un match en entier. On va faire ce que l’on sait bien faire.
Tu as quitté le Stade Rennais cet été, comment s’est passée la transition vers les Pink Rockets du Stade Français ?
Il y a une bonne ambiance, c’est bien de voir autre chose aussi au niveau du fonctionnement par rapport au club ou j’étais pendant neuf ans. C’était un peu dur de dire adieu à mon club mais je ne regrette pas mon choix. C’est une équipe qui est promue et qui veut être vraiment compétitive avec un effectif très intéressant. En région parisienne il y a énormément de joueuses de rugby comparé à la Bretagne. C’est un de leurs gros avantages puisqu’ils peuvent compter sur plus de joueuses aux entrainements.
Le rugby féminin est en pleine évolution avec des futurs contrats fédéraux et le nouveau championnat à 16 équipes lancé cette année. Comment vis-tu ces changements ?
Quand on est une joueuse de rugby on sait s’adapter. C’est un peu notre quotidien on sait que ce sport est toujours en pleine évolution. Depuis 2014 on voit que la pratique a complètement explosé. Aujourd’hui il y a des choses qui sont faites pour nous et on veut que ça bouge dans ce sens. On a fait appel à Provale notamment pour nous aider à mieux gérer les futurs contrats. La Fédération fait bien les choses en structurant nos temps de récupération, nos temps de travail et on travaille tous main dans la main pour faire évoluer notre sport. On veut amener du changement, il y a encore pas mal de travaux à faire. A toutes les échelles du rugby féminin, des actions sont mises en place. La fédération est à notre écoute et est reconnaissante de notre travail et de nos résultats. C’est toujours positif d’évoluer dans un environnement qui nous accompagne et qui nous écoute.