Si le début de saison du Stade Français Paris est aussi étincelant c’est grâce à la gestion de sa charnière. La complémentarité entre les deux sud-africains, Morne Steyn et Piet Van Zyl, permet au club parisien de retrouver de la sérénité.
En l’espace de cinq journées cette charnière a été associée trois fois pour autant de succès. Ces deux joueurs aux profils différents gèrent pour l’instant le jeu parisien à la perfection ou presque et pourtant cette association a failli ne pas voir le jour. En effet, le demi d’ouverture aux 66 sélections, avait signé un contrat à Brive qui est devenu caduc après la descente en Pro D2 du club corrézien. L’arrivée d’Heyeneke Meyer a également changé la donne. Les deux hommes se sont côtoyés chez les Bulls et chez les Springboks. Ils se connaissent parfaitement, par conséquent le nouveau manager a fait la demande de le conserver. Quelques jours plus tard Morne Steyn acceptait cette proposition. Van Zyl est, quant à lui, nouveau dans le groupe parisien. International avec les Springboks, il a débarqué d’Angleterre à l’intersaison.
Deux styles différents
Leur façon de jouer est diamétralement opposée et c’est pour cela qu’ils sont si complémentaires. Morne Steyn est un ouvreur dans le style gestionnaire/défenseur. Ce n’est pas un grand attaquant par contre il excelle dans le secteur du jeu au pied. Son habileté face aux buts n’est pas sa seule qualité dans ce secteur. Capable d’alterner, d’occuper, Morne Steyn a l’un des meilleurs pied droit du Top 14.
A l’inverse, Piet Van Zyl est un demi de mêlée explosif qui aime les départs près des rucks. Son centre de gravité bas, lui offre beaucoup de possibilités dans ses courses. Il peut changer de direction rapidement et surprendre son vis-à-vis. Egalement passé par les Bulls, Van Zyl est, comme de nombreux sud-africains, un gros plaqueur. C’est un joueur costaud qui ne se ménage pas en défense.
Une charnière équilibrée
Finalement cette charnière ne souffre pas des écarts de styles de ces joueurs. On l’a vu précédemment, ce sont d’excellents défenseurs. L’équipe peut donc leur faire confiance dans des zones qui sont généralement ciblées par les adversaires. Autre point fort, leurs styles opposés tempère leur nature. En sélection ou chez les Bulls, Morne Steyn a, parfois, été pointé du doigt pour son jeu lent. Or, avec Van Zyl, il reçoit des ballons rapides qu’il peut distribuer ensuite. De même, le demi de mêlée pourrait être tenté d’envoyer du jeu quand la situation ne s’y prête pas ou de trop porter le ballon. L’ancien ouvreur des Boks est donc là pour gérer ces phases durant lesquelles les avants ont besoin de récupérer. Son jeu au pied permet de trouver des touches dans le camp adverse quand il n’y a pas d’avancée. Mais ce n’est pas tout. Lorsque le Stade Français Paris doit négocier un ballon devant son en-but, ses dégagements lointains font souffler les avants. C’est un vrai confort d’avoir ce type de joueurs puisque son jeu au pied évite certains efforts au 8 de devant.
Un jeu diaboliquement efficace
Bien sûr, ce n’est pas forcément spectaculaire. En revanche, voir ces deux protagonistes guider le jeu parisien est assez satisfaisant tant ils ont peu de déchets. Tout d’abord, il sont précis dans ce qu’ils font. Dans le jeu courant, Steyn est plutôt proche de son demi de mêlée. Ce placement, évite les longues passes approximatives. Plus il y a de force et moins le ballon est précis. Pour Van Zyl, la cible est plus proche donc plus facile à atteindre. Ensuite, Steyn garde souvent un peu d’espace devant lui pour pouvoir jouer au pied si la défense monte vite sur l’extérieur. Ce temps supplémentaire lui donne également l’occasion d’avoir une vue générale sur ses coéquipiers et les défenseurs. Le deuxième essai de Gaël Fickou, face à Pau, sur une passe de Steyn est l’illustration parfaite de son adaptation sur une situation défavorable.
Le 2ème essai de Gaël Fickou :