Samedi soir lors de la finale du Top 14, Castres a rendu une copie quasiment parfaite face à Montpellier. Retour sur les clefs d’une victoire amplement méritée.
Montpellier : Un jeu au pied défaillant
Dès les premières minutes, le MHR a montré des signes de faiblesse dans ce secteur. Au-delà du manque de réussite de ses buteurs, Montpellier a eu du mal à instaurer son emprise sur le terrain. En première mi-temps les exemples sont nombreux. Entre les touches trouvées directement phors des 22 mètres ou celle non trouvée par Steyn sur une pénalité les cistes n’ont pas pu s’installer dans le camp adverse. Des détails, qui peuvent être insignifiants s’ils sont peu nombreux, ont été déterminants dans la victoire de Castres. Outre les défaillances, le CO est également responsable du peu de réussite au pied du MHR. Grâce à une couverture du terrain impeccable, les castrais ont fermé la « robinet » Pienaar.
Le demi de mêlée sud-africain a pour habitude d’arroser les lignes arrières. Pienaar est très observateur. On le voit souvent prendre le temps de regarder au dessus des rucks, s’il y a le moindre espace dans la couverture il y dépose le ballon. Samedi soir, Castres a coupé cette valve et a obligé les montpelliérains de jouer à la main. Les tarnais ont même dominé ce secteur avec un jeu au pied léché. Il y a un autre avantage à clôturer le fond de terrain. Montpellier marque plus de la moitié de ses essais après une touche. A partir du moment où les castrais ont verrouillé ce secteur, ils ont privé les montpelliérains de lancements de jeu qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts.
La double lame
Physiquement, les cistes sont de véritables colosses. Cette puissance a pour avantage de créer des espaces et même de jouer après contact. Là encore les castrais ont réussi à enrailler la machine adverse. Constamment, ils ont plaqué leurs homologues à deux. Un joueur défend en haut l’autre en bas puis ils évacuent rapidement la zone pour ne pas se faire pénaliser. Castres n’a pas vraiment essayé de gratter des ballons en se consommant dans les rucks. Les tarnais ont plutôt misé sur un premier rideau défensif dense. S’ils ont des défauts, les doubles plaquages ont pour bénéfices de moins consommer d’énergie mais aussi de marquer l’adversaire physiquement et mentalement. Les montpelliérains se sont retrouvés dans l’incapacité d’utiliser leurs armes comme Nadolo.
La patte Urios
Ces choix stratégiques sont l’oeuvre de l’encadrement technique et plus particulièrement de Christophe Urios. Déjà champion avec Castres en 1993 en tant que joueur, Urios vient de soulever le Brennus en tant qu’entraîneur. Il a su fédérer un groupe et tirer le meilleur de joueurs qui ne sont pas les plus grandes « stars » de notre championnat. Pourtant, ensemble, ils ont été capables de battre les internationaux très expérimentés de Montpellier. En battant les montpelliérains sur leurs points forts, Castres les a fait déjouer. Christophe Urios a également insisté sur le fait que le MHR était en manque de rythme. Avant de disputer sa demi-finale face à Lyon, Montpellier a eu trois semaines sans compétition.
Les castrais n’étaient pas forcément plus frais mais ils étaient en revanche plus agressifs et plus féroces au plaquage. N’oublions pas que Montpellier a joué une demi-finale face à une équipe qui a laissé énormément de plumes en prolongation une semaine plus tôt à Mayol. En menant largement, les cistes ce sont peut-être trop préservés et non pas su, samedi, retrouver une certaine intensité. Urios avait donc décidé de les agresser pour prendre le score et le conserver. Son plan a parfaitement marché, à par quelques problèmes en conquête, Castres a dominé le jeu courant pour s’offrir un nouveau Brennus.