Patrice Collazo vient de quitter le Stade Rochelais après sept ans de bons et loyaux services. Analyse d’un management qui a longtemps fait ses preuves.
Pendant sept ans Patrice Collazo aura fait l’unanimité dans le vestiaire. Cet entraineur a un rapport viscéral avec le rugby. Il suffit de l’observer sur le bord d’un terrain pour voir à quel point il est concerné par ce qu’il se passe sur le pré. Comme dirait mon père : « Ce mec là ne doit pas beaucoup dormir la nuit ». En effet, Patrice Collazo renvoie une image assez forte. Celle d’un homme qui vit le rugby. Cette passion semble être contagieuse, sa rigueur et son leadership ont emmené le Stade Rochelais en demi-finale du Top 14 l’an dernier. Ce n’est pas rien, le club a grandi très vite et bien parce que les clefs du camion lui ont été confiées.
Une exigence à toute épreuve
C’est en étant exigeant avec lui même que le toulonnais a réussi à tirer le club vers le haut. On reconnait d’ailleurs facilement ses qualités de pilier dans son management. Il est discret mais apprécie la rigueur nécessaire pour évoluer à ce poste. Le club est monté en puissance progressivement pour devenir l’une des équipes les plus attractives du championnat. Adepte d’un rugby total, son goût prononcé pour les phases de conquête rend le Stade Rochelais très compliqué à manœuvrer. Le jeu courant est un mélange entre simplicité et gestes techniques. En effet, il n’y a rien de révolutionnaire dans son style mais tout est extrêmement bien fait. La prise de risque est maîtrisée, le déchet quasi inexistant. Le résultat de cette philosophie est un rugby spectaculaire et enthousiasmant.
Le revers de la médaille
La passion engendre beaucoup de sentiments. Elle permet de réaliser des choses extraordinaire, « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion » selon Hegel. Cependant chez les philosophes classiques elle s’oppose à la raison, même si certains peuvent la qualifier de « réfléchie ». En outre, l’investissement considérable de Patrice Collazo peut se transformer en une certaine inflexibilité et une volonté de tout faire soi même. Certains joueurs devenus entraîneurs s’accordent à dire que parfois les sentiments au bord du terrain sont exacerbés parce qu’ils ne sont plus les acteurs principaux de la partie. Le « lâcher prise » est, par conséquent, une caractéristique difficile à obtenir. Patrice Collazo est hyperactif au bord de la touche.
Les micros de Canal+ nous permettent d’entendre ce qu’il se passe au bord d’un terrain. A chaque match, Patrice Collazo se montre très directif. Les joueurs ont finalement peu de marge de manœuvre. Ce sont les limites d’un tel management. Les joueurs doivent tout de même garder un pouvoir de décision sur le terrain. De plus, c’est une gestion qui ne laisse pas indifférent, soit les joueurs y adhèrent soit cela ne leur convient pas du tout. Cependant gardons en tête que le Stade Rochelais est son premier club professionnel en tant que manager principal, son apprentissage n’est donc pas terminé. Les résultats qui l’a obtenu avec cette formation son excellents. Même si les phases finales ont été manquées cette saison, les joueurs venus de Pro D2 ont pris rapidement la mesure du Top 14 sous son ère. Il a été capable de tirer le meilleur de chacun d’entre eux ce qui laisse présager une suite de carrière extrêmement prometteuse.