Dans le cadre du Rugby Day, tournoi organisé à Bordeaux par la fondation Heini Adams pour offrir des équipements de sport à des jeunes défavorisés en Afrique du Sud, Jacques Brunel est venu remettre les médailles de la compétition. Le sélectionneur du XV de France nous a accordé quelques minutes pour nous parler de ses échanges récents avec les clubs du Top 14 et des résultats de l’équipe de France.
Qu’apporte, concrètement, le travail que vous êtes en train de mener avec les clubs ?
C’est une évidence qu’il faille travailler avec les clubs. Toutes les nations au monde, sous le couvert d’un fonctionnement, d’une organisation, notamment les Celtes ou dans l’hémisphère sud, sont sous le contrôle de la fédération avec des provinces qui travaillent pour l’équipe nationale. Les Anglais travaillent un petit peu différemment, mais depuis quelques années, ils ont aussi le contrôle des joueurs à travers une manne financière qu’ils ont donné. Malgré tout, ils arrivent à avoir ce lien avec les clubs. Nous, seulement, n’avons pas su le créer. Il faut qu’on l’organise à notre manière, ce ne sera peut-être pas avec l’argent, mais plutôt avec une relation permanente avec les clubs, des contacts réguliers avec les joueurs qui sont au milieu. Les joueurs sont la ressource principale de la fédération et des clubs, c’est sur eux qu’il faut œuvrer. Les clubs ont les joueurs, huit mois de l’année et la fédération trois mois à peu près, donc on a intérêt à ce que tout cela fonctionne bien.
Rassie Erasmus, votre homologue sud-africain, a fait appel à Swys De Bruine, l’entraîneur des Emirates Lions qui évoluent en Super Rugby, pour les tests matchs de l’Afrique du Sud face au XV de la Rose…
C’est encore autre chose, il a fait appel à lui en tant que technicien pour venir travailler avec lui.
Comme pourrait le faire certains techniciens du Top 14 en juin prochain ?
J’en avais parlé, nous aussi on va aller en Nouvelle-Zélande avec des techniciens français qui seront là pour regarder et donner leurs idées éventuellement auprès de l’équipe de France. Cette équipe de France appartient au rugby français d’abord. C’est le rugby français qui doit avoir la paternité de la responsabilité de cette équipe de France.
Mis à part l’épisode d’Édimbourg, on a senti un regain d’amour pour les Bleus après leurs performances encourageantes en fin de Tournoi, l’avez vous ressenti ?
On me le dit partout, donc je le ressens partout. Ce qui ressort, c’est que j’avais demandé à ce que l’on fasse partie des meilleurs à la fin du tournoi et être en capacité de le gagner, malheureusement le scénario du premier match qui a tourné en notre défaveur par un scénario incroyable (match perdu à la dernière seconde par un drop de Sexton, ndlr), ne nous a pas permis de lutter jusqu’à la fin. Même au Pays de Galles, on a été en position de gagner le match. Je crois qu’à travers ça le public a été fier de retrouver son équipe.
Reste, désormais, à savoir si le XV de France pourra se sortir de cette spirale de défaites encourageantes. Huit ans après leur dernier sacre dans le Tournoi, les Bleus peinent à renouer avec le succès alors que l’ombre noire des All Blacks, futurs adversaires en juin, plane déjà au-dessus d’eux…