Aussi spectaculaire soit-elle, l’action du pack Bordelais est constituée d’une multitude d’éléments simples mais extrêmement bien réalisées. Elle résulte d’une certaine coordination des joueurs et d’une part de réussite, puisque vous allez le voir, quelques erreurs des défenseurs Toulonnais permettent aux avants de l’UBB de remporter le défi physique. Voici le décryptage d’un maul dévastateur.
A une époque pas si lointaine la fameuse tortue béglaise donnait des cauchemars aux équipes adverses. L’espace de quelques instants, cette tortue a traversé le temps pour faire de nouveaux ravages. Tout d’abord observons la formation de ce groupé pénétrant. A l’instant où le sauteur touche le sol, le maul se structure. Six Bordelais (tunique bordeaux) poussent contre trois défenseurs Toulonnais (tunique blanche). Même s’il y a un surnombre en attaque, l’avancée n’est pas garantie. En effet une position parfaite en défense peut enrailler cette phase de jeu même à un ou deux joueurs de moins. Dans ce cas présent, trois joueurs de plus pour l’UBB représentent tout de même un gros avantage. Si l’on ne distingue pas certains joueurs, Cobilas côté Bordeaux est caché par les autres joueurs, tout comme Etrillard et Chilachava côté Toulon.
La vitesse d’exécution est primordiale, entre le moment où le sauteur est retombé et le moment capté ci-dessus (1ère image) le maul n’a pas connu de temps mort. Tout de suite la poussée bordelaise a provoqué de l’urgence dans la défense. Kruger que l’on distingue avec son casque rouge, ne peut pas complètement pousser avec ses coéquipiers puisqu’il tente de passer par l’axe du maul pour voler le ballon. La défense est un peu plus fragilisée par cette tentative d’annihiler l’action. Problème supplémentaire pour le RCT, la position des attaquants est très horizontale (flèche rouge 2ème image). La maîtrise des axes de poussée est essentielle pour réaliser un maul conquérant. On voit que la position de Kruger est trop verticale, par conséquent il ne peut que subir la poussée.
Rien que sur cette phase le pack Bordelo-Béglais va parcourir plus d’une dizaine de mètres. De plus des joueurs supplémentaires viennent s’ajouter à ceux déjà présents sur l’action, il devient impossible pour Toulon de défendre sans commettre de faute. Sous la houlette de Baptiste Serin, le maul se désaxe sur la gauche et élimine quatre Toulonnais par la même occasion. Ils ne sont plus que deux à défendre et c’est à ce moment que les Bordelais emportent tout. Ils n’ont quasiment plus d’opposition et les 15 derniers mètres sont un supplice pour les défenseurs qui tentent tant bien que mal de limiter les dégâts en se jetant contre cette fameuse tortue. Finalement l’essai de pénalité est accordé pour une faute peu évidente de Laurent Delboulbès. M. Brousset estime que le pilier de Toulon a tenté d’écrouler le maul, sur les images il a plutôt l’air de se faire emporter par une vague couleur bordeaux.
Cette action collective, difficile à exécuter parfaitement, a totalement remis Bordeaux dans le match. Menés de 15 points, les Bordelais se sont retrouvés à égalité après ce magnifique mouvement avant de définitivement prendre le dessus sur une formation Toulonnaise qui a du se demander longtemps comment elle a pu perdre cette rencontre.