Samedi, le Stade Toulousain a retrouvé le temps d’une rencontre un jeu flamboyant démontrant l’incroyable potentiel de son effectif. Tous les observateurs s’accordent à dire que dans le cas où Toulouse produirait un tel niveau régulièrement, le Top 14 verrait à nouveau le Stade en haut de l’affiche. Les trois-quarts ont offert au public un spectacle que l’on avait plus vu depuis longtemps à Ernest Wallon. Sous le regard d’une audience à l’œil avisé, le groupe d’Ugo Mola a renoué avec une tradition enfouie, celle d’un jeu flamboyant capable de soulever les foules et de conquérir les cœurs des passionnés.
Une nouvelle jeunesse dorée ?
La question est légitime, si l’ont calcule la moyenne d’âge on obtient un chiffre sous la barre des 25 ans. Toulouse a changé son fusil d’épaule pour recruter cette saison en misant sur des jeunes talents. Le Stade a même pris le parti de prendre un vrai virage en recrutant des gabarits légers par rapport à d’autres équipes qui continuent de miser sur des physiques toujours plus imposants. Seuls les centres David et Poï sont au-delà des 100 kilos, pour le reste, Dupont, Holmes, Kolbe, Huget et Ramos bénéficie d’une grande vivacité combinée à une certaine solidité si bien qu’ils ne sont pas gênés dans les duels face aux adversaires plus costauds. Ils sont tout à fait capables de les mettre au sol et de ne pas subir au contact. Ces jeunes pépites ont toutes les caractéristiques physiques et intellectuelles pour faire partie des futures grandes figures de notre sport.
La charnière en point d’orgue
Le duo Dupont/Holmes a très bien fonctionné samedi. D’abord, Antoine Dupont a parfaitement joué derrière ses avants conquérants. Certes, il est toujours plus facile de jouer après un pack qui avance, mais il ne faut pas minimiser l’importance du demi de mêlée sur le placement de ceux-ci. Regarder Dupont manier les avants correspond à observer attentivement un chef d’orchestre. Il regarde partout et analyse la situation, fait des signes à certains joueurs, des gestes pour demander un soutien. Si vous êtes attentif à ses prestations vous remarquerez maintenant à quel point il évalue son environnement sur chaque zone de ruck. Il ne fait pas sa passe par hasard, il sait d’avance ou sera le joueur qui va recevoir le ballon pour le placer dans l’avancée. Souvent, ce joueur est le n°10. L’ouvreur, Zack Holmes s’est vraiment fait plaisir sur ce match. On l’a vu franchir le rideau défensif à plusieurs reprises, revenir près du soutien quand il n’avait pas de solution sur les extérieurs, dégager son camp quand son équipe était sous pression. Evidemment cela représente ce que l’on attend d’un ouvreur mais samedi tout a été parfaitement réalisé. Son point fort reste sa vitesse et ses appuis, il amène le 3ème essai de Toulouse avec deux gros franchissements sur l’action.
La foire aux gazelles
Autres postes et autres talents, David et Poï ont été parfaitement complémentaires. Tous deux intraitables en défense, ont su appuyer là ou ça fait mal. Bien lancés par Holmes avec de la profondeur, ils ont eu des courses tranchantes entre les défenseurs. Solides, les centres ont monopolisé de l’attention et ainsi libéré de l’espace après eux. Forcément quand on laisse de l’espace aux Huget, Kolbe et Ramos on s’expose à des fulgurances. Pire même sans laisser d’espace il y a un risque de se faire avoir. Preuve à l’appui le premier essai de Thomas Ramos. Les avants enchaînent les « pick and go », Dupont écarte sur Ramos qui est face à deux défenseurs. En étant contre la ligne de touche Kolbe fixe son ailier et ouvre une porte. Les toulousains sont donc deux, les parisiens trois. Ramos se sert de la course rentrante de Kolbe pour faire une feinte de croisée, sa vitesse lui permet d’accélérer pour prendre l’intervalle et échapper au plaquage. Malgré des gabarits dit légers, la vélocité de ces joueurs offre plusieurs options qui déroutent les adversaires. A l’image d’un Dupont capable de résister à quatre défenseurs pour marquer son essai, les arrières de Toulouse peuvent devenir une des grandes attractions de ce championnat.
Les chiffres importants de la rencontre :
7 – Le nombre d’essais marqués par les arrières du Stade Toulousain soit la totalité de ceux inscrits dans la rencontre.
24,9 – C’est l’âge moyen de la ligne de trois-quart dans le XV de départ Toulousain.
26 – Thomas Ramos a marqué 26 points contre le Stade Français dont deux essais. Il conforte sa place de meilleur marqueur de points du Top 14.
53 – Le score de Toulouse résulte des 7 essais des arrières et de deux pénalités de Thomas Ramos.