Après s’être fait secouer en première mi-temps, les bleus démarrent la seconde période avec la volonté de mieux faire. Cependant leur inefficacité près de la ligne de marque va se montrer déterminante dans la défaite des hommes de Guy Novès.
Huit minutes et dix secondes de possession
Tout commence lorsque les bleus récupèrent le ballon grâce à Kevin Gourdon à une quinzaine de mètres de leur en-but. Les premières phases de cette action sont excellentes. Baptiste Serin sort le ballon des rucks et sert ses attaquants qui sont justes dans la direction des courses ou dans la conservation de balle. François Trinh-Duc frappe une chandelle un peu courte mais la balle revient dans des bras tricolores. Voici le ruck qui suit la chandelle de l’ouvreur français. Entre le moment où Bernard Le Roux récupère la balle et le moment où Baptiste Serin éjecte celle-ci il s’écoule 2,26 secondes. Durant plusieurs temps de jeu le ballon va circuler de façon fluide amenant les bleus à environ dix mètres de l’en-but.
Pourquoi le ballon sort moins vite ?
Tout d’abord les sud-africains viennent de reculer alors qu’ils étaient en position de force. Le contre français a remonté le terrain. Si sur les premiers temps de jeu la réorganisation défensive des Springboks permet aux bleus d’avancer ce n’est plus le cas lorsque l’on arrive aux alentours des 22 mètres. Les Boks sont replacés, par conséquent il y a moins d’espaces et la défense se durcit. D’autre part ils vont jouer avec les limites de la règle en ralentissant les ballons dans les rucks n’hésitant pas à se faire pénaliser pour casser le rythme de l’attaque et ne pas prendre d’essai. D’autre part les bleus commencent a être lents au sol. Ce problème est récurrent depuis la prise de fonction de Guy Novès, les joueurs se consomment trop dans les rucks… Voici un exemple de ce qui va se répéter souvent lorsque les tricolores approchent de l’en-but sud-africain. En comptant le relayeur, Guilhem Guirado (6), cela fait six joueurs monopolisés dans le ruck pour seulement deux Springboks.
Autre facteur important : la lucidité. A ce moment de l’action les bleus ont tenu le ballon durant 25 temps de jeu. Il y a des détails qui manquent aux tricolores pour venir à bout des nations majeures. Mais il y a un point sur lequel les bleus ont un gros retard : le jeu à haute intensité. Ajoutez à cela une saison à rallonge et vous obtenez des joueurs dans le dur. Sur ce départ au ras de Maestri le ballon met plus de sept secondes pour sortir. Cela permet à la défense de se replacer et de ne jamais être prise en défaut, les bleus vont même perdre le ballon quelques secondes plus tard après 27 temps de jeu et 80 mètres parcourus…
Malgré plusieurs fautes sud-africaines, les bleus décident de jouer plutôt que de prendre des points au pied. Il se sont usés sur cette énorme séquence. Dans la foulée ils perdent le ballon sur une faute trop vite jouée après huit minutes de possession. Tant d’efforts pour un résultat comptable nul ont émoussé davantage les esprits. Le coup de grâce viendra quelques minutes plus tard alors que les sud-africains vont se montrer bien plus pragmatiques que les tricolores.