Enfin les clermontois peuvent toucher ce bout de bois si précieux dans notre sport. Ce trophée pas comme les autres, ce bouclier, ce Saint-Graal du rugby français est désormais entre les mains de toute la Yellow Army.
Un départ canon
Ce titre se joue peut-être sur ces vingt premières minutes durant lesquels Clermont aura été diaboliquement pragmatique. Dès la première possession les chocs sont féroces, les hommes de Franck Azéma ne tardent pas à se mettre dans le bain. Sur la première mêlée de la rencontre le RCT se fait pénaliser et offre une occasion à Morgan Parra d’ouvrir le score. Il réussit la pénalité. Logiquement l’ASM prend le score pour ne plus jamais le lâcher… Vient au tour de Toulon d’attaquer, tout aussi tranchant le RCT met à mal la défense adverse. Abendanon arrache le ballon des mains d’un toulonnais, Chouly ramasse la balle et la transmet à Penaud qui va parcourir 50 mètres en naviguant parmi les défenseurs rouge et noir. Un instant on a cru qu’il avait trop porté le ballon en oubliant Raka sur sa gauche, finalement il va passer le ballon à son ailier après avoir fixer un nouveau défenseur. Raka a un dernier rempart à franchir et pas des moindres, pour marquer il doit casser le plaquage de son compatriote Tuisova. Raka élimine son vis-à-vis sur les appuis et marque le premier essai de la partie. Parra transforme puis ajoute trois nouveaux points, Clermont mène 13 à 0.
Le réveil de la force toulonnaise
Il faut attendre la 28ème minute pour voir Toulon ouvrir son compteur. Belleau inscrit trois points grâce à une interception de Nonu qui débouche sur deux fautes consécutives de Clermont. Quelques minutes plus tard Fritz Lee ne se maîtrise pas et attrape O’Connor un peu haut. Le troisième ligne écope d’un carton jaune, son absence va coûter cher à son équipe. Une fois de plus Nonu est le détonateur d’une action décisive pour Toulon. Il prend à revers plusieurs défenseurs et donne de l’avancée à son équipe alors que les avants n’y étaient pas parvenus sur un maul quelques secondes plus tôt. Le jeu est écarté, Guirado met sur orbite Van der Merwe qui échoue à quelques mètres de la ligne. Dans le même sens la balle arrive sur l’aile de Tuisova qui résiste à trois clermontois pour planter le deuxième essai de la partie. Toulon a fait le plus dur en revenant au contact mais offre un peu de répit à Clermont juste avant la pause avec une pénalité pour Parra.
Toulon contre attaque
Le RCT ne tarde pas à se rapprocher des jaunards. Belleau ajoute trois points et propulse les siens sur une bonne dynamique. Si l’on avait vu un peu plus de jeu lors du premier acte, la deuxième période, elle, se recentre sur le combat. Les chocs ont été d’une extrême violence. Il semblerait que le seuil atteint lors des matchs de barrages et des demi-finales a été dépassé. Toulon n’a pas arrêté de torpiller la ligne clermontoise avec ses artilleurs maison. Le RCT tente d’imposer des longues séquences pour affaiblir son adversaire. Ce n’est pas un secret l’entraîneur de Toulon, Richard Cockerill, est un adepte du défi physique. L’objectif est atteint Clermont commence à faire beaucoup de fautes et perd du terrain. Malheureusement pour le RCT, Belleau va toucher deux fois les poteaux, ce qui oblige les rouge et noir à courir derrière le score. Dans un même temps Clermont arrive à bonifier ses rares possessions, Parra ajoute deux pénalités en seconde période. Il reste un peu moins de dix minutes, Toulon continue de mettre la pression dans le camp clermontois, le combat est rude, les attaquants gagnent du terrain mètre par mètre. Clermont se met à la faute et offre une dernière opportunité à son adversaire alors que la sirène va retentir. Le maul est bien formé, sur la première poussé le cocotte avance puis se fait refouler dans un deuxième temps. Il faut absolument un essai transformé au RCT pour l’emporter, les dix mètres restants à parcourir semblent inaccessibles tant les défenseurs clermontois sont concentrés. Le salut vient de l’homme fort de cette partie côté clermontois. Morgan Parra a marqué tous les points de son équipe et malgré un gabarit « léger » n’hésite pas à s’y filer tête la première dans les rucks. Il gratte le ballon qui offre le Bouclier de Brennus à son équipe.
L’explosion de joie
Les pleurs, les rires, les bras vers le ciel. Certains se sautent dans les bras, d’autres courent directement vers les supporters. Il n’y a pas de meilleurs moyens de célébrer ce titre tant il est mérité. Clermont est un exemple de régularité, ces nombreuses déceptions en finale rendent-elles ce trophée plus beau ? Sans aucun doute. Les hommes de Franck Azéma ont cravachés pendant 7 années pour glaner un nouveau titre. La Yellow Army a suivi son équipe partout en Europe sans jamais faillir. Il y a eu des déceptions, de la colère mais jamais les supporters n’ont cessé de chanter. Aujourd’hui ils seront récompensés place de Jaude à Clermont-Ferrand. Ce Brennus appartient, pour la deuxième fois, à une ville qui vit à travers le rugby, la nuit a du être courte pour tout le monde, mais ce soir ils vont fêter ce sacre ensemble et enfin réveiller le volcan trop longtemps endormi.