On joue la 61ème minute du match entre l’UBB et Toulouse lors de la 22ème journée du Top 14. Sans arme, Bordeaux est malmenée depuis une heure lorsque le staff décide de remplacer Ian Madigan par Baptiste Serin. Après un match difficile dans la gestion et face aux perches, l’ouvreur irlandais sort sous des sifflets regrettables. Certains observateurs ont pu être étonnés de ce choix mais d’autres se souviennent que l’Union Bordeaux-Bègles avaient connu de beaux jours lorsque Lesgourgues et Serin avaient été, brièvement, associés la saison dernière. En 20 minutes l’atmosphère a totalement changé, le stade s’est réveillé pour enfin délivrer les girondins.
Lesgourgues-Serin : deux esprits vifs
La grande force de ces deux joueurs est l’analyse qu’ils ont de la situation et leur temps de réaction. Ils collent parfaitement à l’ADN joueuse de l’Union et connaissent les capacités de leurs partenaires. Cela donne des lancements de jeu plus rythmés et dans le bon tempo ce qui manquait cruellement à cette équipe de Bordeaux. Autre facteur important la surprise, naturellement portés vers l’attaque, ces deux joueurs déclenchent le jeu rapidement afin de gêner les défenseurs adverses. On l’a vu sur le premier essai de Chalmers face à Brive, Serin a parfaitement trouvé l’espace que recherchait son troisième ligne, Marco Tauleigne. Le numéro 8 a ensuite fait parler sa vitesse dans cette espace vide, derrière tout le monde a suivi, Ducuing et Marais servent de relais pour l’essai de Chalmers. Sur l’essai victorieux, Tauleigne voit que l’adversaire n’est pas replacé et joue vite la pénalité, encore une fois tout le monde s’est projeté vers l’avant, Lesgourgues éjecte le ballon vers l’extérieur pour Serin qui prolonge l’accélération du ballon pour Dubié et Ducuing.
De la fraîcheur et de la maîtrise
On vient de le démontrer, leur style de jeu est en grande partie instinctif. Cependant, ils peuvent aussi se montrer calculateurs comme contre Toulouse et ne pas surjouer. L’UBB a refait son retard petit à petit grâce à la botte de Serin pour redevenir maître du match avant de crucifier Toulouse sur une action partie des 22 mètres bordelais et conclue par Lesgourgues. Jouer, temporiser ils savent faire en plus de cela l’équipe peut compter sur eux pour sortir de son camp. Serin et Lesgourgues ont chacun un bon jeu au pied avec un petit avantage pour Serin qui peux taper du droit comme du gauche. Ainsi la charnière peut exercer une pression territoriale et psychologique sur l’adversaire afin de le pousser à la faute ou à rendre le ballon.
Serin ouvreur à court terme ?
Le joueur ne s’en cache pas et il l’a déjà signifié à son staff, son objectif est de garder son poste pour continuer à jouer demi de mêlée en équipe de France. Après la victoire contre Toulouse le 25 mars il déclarait dans les colonnes de L’Equipe « C’est du dépannage oui. Si je commence à faire le va-et-vient entre 9 et 10, je ne vais jamais m’y retrouver. Je me dois d’être performant à mon poste, en 9, pour pouvoir espérer plus haut […] S’il faut dépanner en 10, je dépannerai en 10, et ce sera pour le bien de l’équipe, mais pas pour mon bien à moi». Reste à savoir si le staff redonnera du temps de jeu à Simon Hickey et Ian Madigan d’ici la fin de saison car les prestations de la charnière Lesgourgues-Serin ont relancé l’UBB dans la course à la qualification.