La frustration est le qualificatif qui résume le mieux cette tournée… On ne parle pas de la même frustration que celle connue ces dernières années, une frustration teintée d’amertume. Celle-ci est plutôt liée au fait que le XV de France vendange énormément d’actions dans les zones décisives malgré un coeur énorme.
Le capitaine Guilhem Guirado avait annoncé la couleur hier en conférence de presse, les bleus allaient s’y filer. Le défi était lancé, peut importe le statut des All Blacks, les bleus allaient les accueillir avec férocité. La rencontre commence avant le coup de sifflet, lors du haka les français se sont avancés pour signifier aux néo-zélandais que l’équipe qu’ils allaient affronter serait totalement différente de celle vaincue en quart de final de la coupe du monde. La partie commence bien, dans l’engagement on y est, dans l’intensité aussi, le jeu est juste et les français dominent le début de rencontre.
Acte 1 : Le sniper Barrett
Les néo-zélandais n’ont pas le ballon, peu de jeu au pied côté français, il faut à tout prix éviter d’offrir des lancements de jeu aux blacks, ils n’en ont pas besoin. On va en faire la mauvaise expérience à la 7ème minute, sur un maul le ballon est bien distribué à Beauden Barrett qui expédie le ballon sur l’aile d’un coup de pied transversal précis. Nakaitaci évalue très mal la trajectoire et se loupe, derrière Julian Savea a le champ libre, il vient fixer un dernier défenseur pour transmettre à Israel Dagg. Première action et premier essai, 7 à 0 pour la Nouvelle Zélande, chirurgical… Les bleus ne paniquent pas et repartent sur le même rythme. Plusieurs fois le rideau noir va être déchiré, les français échouent à chaque fois dans la zone critique, la volonté de marquer le plus vite possible leur fait perdre le ballon près de la ligne. Cette impatience coûte cher à l’arrivée, cependant on ne va pas leur repprocher de lâcher les cheveaux. La deuxième incursion des All Blacks aboutit à une pénalité. Deux actions, 10 points. On fait difficilement mieux en terme de réalisme. Heureusement que les hommes de Steve Hansen ont fait beaucoup de fautes, 13 sur la totalité de la rencontre, les bleus sont revenus au score pour n’être qu’à 4 petits points à la mi-temps. 61 % de possession et 67 % d’occupation, ces deux chiffres résument bien le premier acte, la France domine mais se trouve derrière.
Acte 2 : Barrett le bourreau…
Le match reprend sur le même rythme les français sont plus que jamais dedans et bousculent leurs adversaires. Sur une attaque les bleus gagnent 50 mètres, Sebastien Vaamahina casse la ligne et transmet côté droit le ballon. On est dans les 22 mètres, il y a du monde au relais, Machenaud écarte rapidement, le jeu se poursuit sur l’extérieur, Vaamahina, encore lui, fixe la défense au lieu de donner. A 5 mètres de l’en-but Camille Lopez allonge la passe alors que les néo-zélandais sont replacés, Barrett avait tout vu, avant même que la balle n’arrive dans les bras de l’ouvreur français, il se dirige vers les joueurs qui se préparent à être servis. La passe n’arivera jamais en bout de ligne, interceptée par Barrett le mal est fait, 90 mètres plus loin il inscrit un essai cruel entre les perches. Le Stade de Fance et ses 78 000 spectateurs s’éteignent sur le coup, 6 à 17.
Acte 3 : Baptiste Serin au chevet des bleus
Guy Novès fait le changement de demi de mêlée quelques instants après l’essai encaissé. Le message est clair, les bleus vont accélerer le jeu. Déjà sur un rythme d’enfer depuis le début de partie on craint le sur-régime. Serin obtient une faute néo-zélandaise et bonifie le travail de tout le monde en marquant 3 points de plus. Cette année les All Blacks ont réellement creusé l’écart aux alentours de l’heure de jeu face aux équipes qu’ils affrontaient. Les bleus n’y échappent pas, Faumuina inscrit un essai insolent, près de la ligne d’en but des tricolores, le ballon rebondit sur Scott Barrett et atterit dans les bras du pilier qui a le champ libre. 9 à 24 à la 57ème, on se dit que la correction n’est pas loin, c’était sans compter l’orgeuil de nos bleus qui retrouvent un second souffle après 5 minutes à vide. A la suite du mêlée gagnée par l’équipe de France devant la ligne d’en-but Black, Baptiste Serin joue vite et adresse, à l’aveugle, une petite chistera à Picamoles, trois défenseurs se font emporter par la feinte du bordelais qui offre à son troisième ligne l’essai de l’espoir. Il reste peu de temps, Serin ajoute 3 nouveaux points, les bleus sont à cinq longueurs.
Le miracle ne se produira pas, les blacks font mines de jouer le ballon après la sirène, ils enchainent les picks and go pendant une minutes avant de taper en touche. C’était leur dernier match d’une longue saison entamée en février par le Super Rugby, on les a sentit un peu moins en jambes que durant le Rugby Champioship, mais les néo-zélandais restent la meilleure nation du monde. Sans paniquer, ils ont maitrisé l’issue de la rencontre. Pour nos bleus la tournée de novembre offre de belles perspectives malgré deux défaites, on a vu du jeu et de l’envie, on a hâte de les retrouver pour le Tournoi des 6 Nations.
Le résumé vidéo de la rencontre